La première fois que je suis allé à Ikea, ça devait être il y a une douzaine d’années, et c’était avec une certaine Parisienne qui se reconnaitra (et que j’embrasse au passage). A l’époque, j’étais jeune et fou, je ne savais pas ce que je faisais, et sans m’en rendre compte, je suis devenu accroc.
Ikea est un magasin tout à fait fascinant pour moi, car il défit toute logique scientifique. On y va toujours avec un but très particulier, en l’occurrence acheter une couette, car l’automne nous est tombé dessus sans crier gare, et les nuits se sont rafraichies de manière assez spectaculaire cette semaine dans la capitale nippone.
Donc on y va pour acheter un truc bien particulier, dont on a en général besoin, ou au moins envie (ces deux notions sont très relatives de nos jours, je vous l’accorde), et on repart deux heures plus tard avec pour 100€ de trucs dont on n’avait ni besoin, ni envie, mais malgré ça, en sortant du magasin, on a le sentiment que notre vie est meilleur maintenant, et on se demande comment on a put vivre tout ce temps sans tous ces machins là.
Ikea c’est l’équilibre parfait entre des trucs pratiques, esthétiques et suffisamment peu chers pour qu’on les achète sans se dire « attends je vais quand même pas foutre 50€ dans une plante verte ». Ces mecs sont des génies …
Donc en ce dimanche d’automne, je décida d’aller faire un tour du coté de chez Sven, voir s’il n’y avait pas une couette à mon goût.
J’avais fait le tour des magasins de Shinjuku, de Muji comme on l’appelle en France ou 無印良品 au Japon (Mujirushi-ryôhin qui pour la petite histoire, signifie littéralement « produits de qualité sans marque », et que les japonais appèlent Mujirushi), jusqu’à 東急ハンズ (Tôkyû Hands) en passant par le Summit du coin (sorte de super-marché où on trouve à peu près tout) ; mais les prix étaient assez élevés (entre 5800¥ et 10000¥), pour des couettes en synthétique; et j’avais vu sur le site Internet d’Ikea qu’ils avaient la couette de mes rêves, en coton et plumes de canard, et pour la nordique somme de 3500¥.
Ce qui n’était pas indiqué sur le site Internet, c’est que la couette coutait bien plus que 3500¥, car à ce prix il fallait ajouter le prix du petit tapis sympa, de la lampe design, et de l’incontournable plante verte, mais nous y reviendrons …
Une petite heure de train et me voici à la gare de 南船橋 (Funabashi), qui est littéralement située à une minute à pieds de l’Ikea. Ce qui me rappelle la fois où on n’était allé avec Grégoire en Bus à l’Ikea de Toulouse … Et qu’il nous fallait alors choisir entre traverser la voie ferré, la rocade ou faire un détour de 30 minutes de marche par les parkings de l’hypermarché d’à coté (je laisse votre folle imagination trouver lequel de ces trois chemins nous avions choisi à l’époque …). Ha, ha, qu’est ce qu’on put se marrer ce jour là, on devrait être dans le Guinness pour avoir fait un truc pareil !
Une chance pour le marcheur que je suis, Tôkyô est une ville de piétons et de cyclistes. L’Ikea a même un parking pour vélos, c’est dire !
Une fois à l’intérieur, le décor est de suite très familier. L’agencement du magasin est en tout point identique à celui des magasins en France : l’espace démonstration au premier, avec la cantine à la fin, et l’espace vente libre au rez-de-chaussée. L’ordre même des rayons est je pense le même, avec les plantes vertes à la fin. Ce qui montre que les cerveaux qui ont designé l’agencement à l’intérieur des magasins Ikea ont choisi avec énormément de soin jusqu’à l’ordre des rayons.
Je commence ma balade tranquillement, j’observe le comportement des autochtones face à cette culture qui leur vient de loin. Mais très vite, en prenant un peu de recul, je me rends compte qu’Ikea n’est pas si éloigné que ça de ce qu’on trouve dans un Muji ; car en fait, les maisons japonaises se sont beaucoup occidentalisées ces dernières années, et par conséquent, les meubles qui meublent ces maisons aussi.
C’est alors que la fièvre commença à monter, cette fièvre que je croyais disparue, lorsque j’avais jeté la moitié de mon appartement toulousain, il y a trois mois, cette fièvre de la possession, cette fièvre du « Ah tiens, c’est pratique ça », l’appel des objets inutiles mais dont on a irrésistiblement besoin quand on est à Ikea.
D’où vient cette fièvre, je me le demande. Est-ce la Volonté de puissance moderne, qui se matérialise sous ce besoin de consommer pour se sentir exister ? De ce besoin que chez soi soit différent de chez les autres, que son jardin soit plus vert que celui du voisin. Est-ce de l’orgueil, où juste un besoin de son petit confort que l’Homme moderne développe.
Quoi que ce soit, je repartis avec ma couette en plumes de canard, comme c’était initialement prévu, mais aussi avec une lampe design, deux tapis pratiques, un petit plaid, et bien sur un petit ficus ; car on ne PEUT PAS repartir de chez Ikea sans une plante verte, c’est mathématiquement IMPOSSIBLE !!! (Ça a même été démontré par un illustre mathématicien polonais dont le nom m’échappe).
Même si je suis a posteriori capable d’expliquer rationnellement pourquoi j’ai acheté ces objets, et quel sera leur utilité réelle dans ma vie de tous les jours (jusqu’à la plante qui outre son aspect esthétique incontournable, constitue un transformateur à bon rendement de CO2 en oxygène), je dois avouer que sur le moment je les ai mis dans mon sac jaune Ikea pour une raison assez floue et peu rationnelle, que j’appellerai volontiers le syndrome Ikea.
Allons bon, avouez que ma chambre est plus chaleureuse avec une pointe de Suède.
Evidemment que c’est + chaleureux, t’as allumé une lampe !
J’avoue, la couette et la petite lampe me font bien envie. 🙂
Moi je dis ça manque de coussins tout ça ! 😉
Pas faux. La prochaine fois va. Déjà j’apprécie grandement la vraie couette et le vrai oreiller que j’ai achetés ce week-end 😉
La véritable question, c’est surtout, comment t’as fait pour tenir aussi longtemps sans plante verte? :p
Et sinon, ben vive Ikea et vive les suedois !!!
C’est une très bonne question en effet. A ce propos, comment va la plante du bureau ?
Les 2 plantes vont bien, on s’en occupe un peu moins que quand t’étais là mais elles survivent^^
tu m’as fait rire mon con 🙂
« Ikkkeeeaaaa » dis dis dis dis ?!
Y a t il le même slogan répété en boucle aussi ?
Pas de raison qu’il n’y soit pas….
Non même pas. Et détails amusant d’ailleurs, les annonces publicitaires sont en japonais et … en anglais.
Ah oui la chambre est bien plus chaleureuse comme ça !
La lampe de chevet c’est un minimum quand même…
Et leurs slogans, ils sont aussi toujours dans la deuxième personne singulier? Pourquoi TU aimes IKEA? 🙂
Vera
Ah, pas exactement, vu qu’il n’y a pas de pronoms personnels dans la grammaire japonaise. Mais cela dit, au Japon, le client n’est pas Roi, le client est Dieu, donc le niveau de registre utilisé dans les magasins est toujours très soutenu (cela se traduit par une sorte de déclinaison des verbes). Il serait extrêmement mal vu de parler avec un registre familier, même courant à un client.
Sur ce point, nos amis suédois ont dû se plier à la culture nippone !
Et puis autre chose: est-ce vrai que ta chambre est en pente où c’est un effet optique??
C’est parce que mon appareil est vieux et n’a pas de grand angle, j’ai donc recomposé ce panorama à partir de plusieurs photos (prises pas tout à fait avec le même angle de vue), d’où la déformation de l’image.
Attendez, tt le monde à oublier la traversée à Toulouse pour rejoindre l’IKEA!?
Moi je prends le pari de la rocade! Ms le plus fun ça devait etre au retour avec ts vos sacs jaunes!!!!
[…] pour plein de raisons, plus ou moins mauvaises somme toute, je vous renvoie vers mon article Ikea, parfois c’est juste incontrôlable, ce besoin, ou juste cette envie, au final on ne sait […]